EDITO

Et si la cybersécurité, condition d’un numérique maîtrisé, devenait le catalyseur d’une transformation profonde de nos sociétés ?

Les technologies disruptives ont été, et seront encore, à l’origine du reformatage de notre société. Mais, depuis peu, s’ajoutent les bouleversements des chaînes de valeur mondiales qui accentuent les rapports de force. Ils mettent en lumière l’importance stratégique de certaines dépendances souvent sous-estimées, au sein de systèmes toujours plus complexes, distribués et parfois opaques quant aux intentions de ceux qui les conçoivent ou les exploitent. Ces dynamiques, qui concernent autant les États que les entreprises, appellent à une prise de conscience collective : mieux piloter nos ressources critiques, sécuriser nos activités et construire une autonomie stratégique résiliente et durable. 

C’est maintenant que se joue notre capacité à reprendre le contrôle : tandis que l’on focalise notre regard sur l’extraterritorialité de certaines dispositions juridiques, c’est l’accès au réseau qui est aujourd’hui menacé ou contraint, dès lors qu’on ne maîtrise pas les protocoles, le cloud dans toutes ses dimensions, les câbles sous-marins ou les satellites, majoritairement détenus par des acteurs non-étatiques.

Dans ce contexte, le numérique s’impose comme un pilier de relance, d’innovation et de souveraineté. Alors que les défis s’accumulent (transition écologique, réindustrialisation, maîtrise de l’IA, emploi, défense), un nouveau souffle est nécessaire. Il y a urgence à repenser notre modèle, à poser les bases d’un numérique de confiance, porteur d’impact et de sens.

Le cyberespace, terrain stratégique par excellence, redéfinit les rapports de force entre États, entreprises et citoyens. Qui décide ? Qui protège ? Qui innove ? Dans ce nouvel ordre numérique, la cybersécurité ne peut plus être perçue comme un simple centre de coût. Elle est un pilier stratégique, un facteur de compétitivité et un vecteur de stabilité. Elle replace l’humain au cœur de la réflexion

La nouvelle donne est une opportunité. Encore faut-il savoir en tirer parti. Le débat est ouvert.